LES VARIATIONS DU RHUM

Le rhum est issu de ces paradis « tragiques », où l’évasion la plus fantasmée, l’ailleurs, côtoient une histoire douloureuse qui résonne encore aujourd’hui. L’histoire du rhum est directement liée au voyage de la canne, au sucre, à l’esclavage, à la colonisation.
Les terres de rhum, la Caraïbe, les Amériques, l’Océan Indien et au-delà, hébergent toutes ces histoires, et participent à la richesse et la diversité de ce spiritueux dont le potentiel émotionnel et imaginatif, laisse sa trace dans de multiples cultures. Sources de création et de relation aux autres, l’hospitalité et la poésie de ces cultures participent à la syntaxe du rhum.

Le rhum est un voyage, à la fois destination et expression de transculturalité, il profite des mélanges et des rencontres pour se transformer. Les différents savoir-faire, colonnes et alambics, purs jus et mélasses, fermentations et éventuelles édulcorations, le définissent selon son origine, et s’enrichissent les uns des autres. Les cultures, les goûts, les techniques et les explorations interfèrent sur la complexité nécessaire à la qualité du spiritueux. Cette opacité du rhum, c’est-à-dire sa réticence naturelle à l’uniformisation, entrave l’établissement d’une classification universelle.

Le Rhum rassemble, avant toute considération, trois influences territoriales issues de la colonisation : l’influence française, hispanique et anglo-saxonne, le Rhum, le Ron et le Rum. Mais elles ne rassemblent pas à elles seules toutes les identités. Ainsi le Brésil, l’Asie, l’Océanie, l’Afrique, développent leurs spécificités dans le même fracas du monde.

Les réglementations qui fleurissent depuis des années sur les territoires de rhum doivent couronner la richesse des identités du rhum et non se caler sur le court-termisme destructeur de la « loi du marché ». Le rhum n’a pas de frontière. Il peut naître n’importe où et une pratique peut émerger à tout instant, sur une idée, une rencontre, naître d’une relation. L’évolution de ces réglementations doit être lente mais réelle pour intégrer au fil du temps de nouvelles pratiques et élargir les identités.

Anne Gisselbrecht
Co-organisatrice du Rhum Fest Paris et Co-fondatrice du magazine Rumporter (Rhum et Culture rhum) depuis 2012, Anne exposait dans la rubrique Portfolio de nombreux artistes, peintres et photographes issus de « Terres de rhum », Ile Maurice, Martinique, Cuba, Jamaïque, Barbade. Cet univers « Rhum », au-delà du spiritueux, réunit beaucoup de ses passions : aventures, voyages, rencontres, photographie. Au fil de ses différents portraits d’artistes,
elle a rencontré la « quête identitaire ».

Matthieu Lange
Historien de formation et aujourd’hui caviste de profession, Matthieu se passionne pour l’histoire et l’univers du Rhum depuis 2012. Contributeur à la rubrique Histoire pour Rumporter, il effectue également des conférences au Rhum Fest Paris, en s’intéressant avant tout à la dimension culturelle du rhum. Parmi ses sujets d’études, nous pouvons notamment citer les imaginaires du rhum (Piraterie, Royal Navy et Prohibition) mais aussi son travail sur le rhum à La Réunion, ou encore ses recherches sur l’évolution de son goût.

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